Mule d’où viens-tu ?
L’origine des mules et mulets nous est cachée par le voile impénétrable de la nuit des temps.
Son existence implique la présence simultanée dans le même pays du cheval et de l’âne.
Les documents historiques que nous a légués l’Orient nous permettent de remonter plus loin dans le passé de ces animaux, les écrits laissés par les auteurs latins manquent de précision, ils confondent dans l’appellation générique de « Jumenta », l’ensemble des bêtes de somme et d’attelage composant les convois des armées.
Le mulet figure souvent dans les anciens bas reliefs assyriens, les premiers mulets orientaux doivent être nés, d’après Mr Pietrement, dans les régions asiatiques situées entre le Gange et le littoral méditerranéen de Syrie, endroit où pour la première fois les chevaux asiatiques (Mongols) et l’âne africain se sont rencontrés.
Dans les Annales des Rois d’Assyrie, il est souvent question de mulets - 1200 avant J.C
Chez les Hébreux, à l’époque du roi David (X° siècle avant JC), le mulet était la monture habituelle des principaux d’Israël. Les fils de David, après le meurtre de leur frère Ammon s’enfuirent chacun sur un mulet. Après le règne de David, la bible fait souvent mention de mulets.
Homer (- 800-740 avant J.C) fournit de nombreux renseignements qui établissent l’antiquité de leur existence en Asie-Mineure et en Grèce. Des mules étaient parfois offertes comme présents, ceci indique combien elles étaient en honneur
Herodote (480- 425 avant J.C) nous dit que les Perses employaient des mulets dans leurs guerres contre les Scythes, leurs braiments et leurs longues oreilles effarouchaient les chevaux des Scythes, constante dans le monde du cheval même de nos jours…
Elles étaient présentes au siège de Babylone.
Xerxès, roi perse, s’en servit également quand il se battit contre les Grecs.
Diodore nous apprend qu’Alexandre Le Grand ( 356-323 avant J.C) fit venir de Babylone une multitude de mulets de bât ou d’attelage.
Diodore de Sicile, historien grec du 1° siècle avant J.C, nous montre que trois siècles après Aristote, il y avait absence ou tout du moins extrême rareté des ânes et mulets chez les gaulois du littoral de la Manche. C’était des chevaux qui étaient utilisés.
La domestication de l’âne européen remonte très loin, dans le centre Hispanique, vers l’age de la pierre polie.
Pline ( 23-79 aprés JC) parle des ânes qui servent au labour, mais dont l’emploi principal est d’engendrer des mules, d’ailleurs il était d’usage d’employer le terme de « Mulus » pour l’hybride jument âne et de « Hinnus » pour les bardots, les anglo saxons ont conservés cette racine, bardot se traduisant par Hinny
Toujours d’après Mr Pietrement, la plus ancienne date indiquant avec précision l’usage des mulets en occident remonte à 534 avant J.C. C’est à partir de l’époque Gallo Romaine que l’animal se répandit en Europe.
En Italie, l’étiquette de la cour papale ne voulait pas de sujets mutilés pour l’attelage. L’indocilité
des mulets mâles étant un obstacle à leur emploi, il ne restait que les mules pour le carrosse du Pape.
Les grands seigneurs italiens réglèrent leur propre étiquette sur celle du souverain pontife, et montaient des mules et non des mulets.
D’apres Mr Sanson, en Italie les mulets forment la moitié de la population équine. Dans la péninsule ibérique, ils dépassent cette proportion.
En Espagne, la production mulassière fit longtemps la concurrence à la production chevaline. La multiplication des mulets avait presque anéanti la race de bons chevaux dans les deux Castilles, les Asturies et la Galice.
Les mulets étaient exclusivement réservés aux équipages de luxe, ceux de Philippe V, roi d'Espagne (1663-1746) se composaient de six carrosses attelés à six mulets.
20 000 mulets passaient chaque année de France à l’Espagne, et c’est sous le règne de Joseph Bonaparte que l’usage des chevaux se répandit.
A Pau, à Biarritz, les riches espagnols qui venaient faire une saison y amenènent de superbes attelages de mules
En France, la mulasserie est introduite, depuis une époque très reculée, nous la devons aux sarrasins , qui furent plus tard écrasés par Charles Martel à Poitiers.
En 1498 , Louis XII et sa suite se rendaient en pèlerinage de Chinons à Angers, avec des
attelages de mules et de chevaux. Louis XII lui même montait un mulet.
En France c’est l’armée au 17°, 18°, 19° siècles qui sera grosse demandeuse de mulets, Napoléon a franchit les Alpes sur sa mule.
Les mulets civils sont employés un peu partout dans les massifs français au transport, à l’agriculture. La demande est donc forte et des régions entières se spécialisent dans l’élevage des mules et mulets, le Poitou, le sud est, les Pyrénées, le sud des Cévennes et la Franche-Comté.
Dans la moitié du 19° siècle, « l’industrie mulassière » française est puissante et fortement exportatrice.
L’arrivée des engins motorisés a fait tomber cet animal en disgrâce, plus personne n’en a besoin, malgré une présence encore importante en Grèce, en Italie et en Espagne. Elles ont cependant gardées une place importante sur le continent américain, Nord et Sud
Ref- La grande histoire du mulet. A.Guenon Édition du vieux crayon- Mémoires des ânes et des mulets Gérard Rossini Édition Équinoxe
Pour aller plus loin :
Un gros travail : https://core.ac.uk/download/pdf/20655454.pdf
La mule au Moyen âge https://books.openedition.org/pus/12985?lang=fr&fbclid=IwAR3cjyER0RafOF-57VMp72G7Tr9W1mVMR-wlzMbaPMhqDfIAvUEK27MYil0
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